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Dark Romance : l’amour aux frontières de l’interdit
Ce sous-genre de la romance explose littéralement sur les plateformes et dans les librairies. Mais qu’est-ce qui définit vraiment une dark romance aujourd’hui ?

Salut à tous les passionnés de récits qui piquent ! Aujourd’hui, on plonge dans l’univers sombre, complexe et fascinant de la dark romance, porté surtout par une communauté de lectrices assidues. Parce que les relations toxiques ou problématiques ne sont pas un sujet nouveau. Ils ont juste été poussés et on va décortiquer ça.


L’objectif ici n’est pas de porter un jugement moral, mais bien de décoder les mécanismes narratifs qui font battre le cœur de ce genre. Car derrière les couvertures sombres et les titres de contes macabres, se cache une mécanique psychologique complexe, qui répond à des désirs de lecture bien spécifiques.

Qu’est-ce que la Dark Romance ? Au-delà du Bad Boy

Contrairement à une idée reçue, la dark romance ne se résume pas à une relation avec un "bad boy" un peu taciturne. Il s’agit d’un genre où la relation amoureuse centrale est fondée sur des dynamiques malsaines, dangereuses et transgressives. Le "Héros" (souvent un anti-héros absolu) n’est pas juste un rebelle. Il est souvent criminel, immoral, et son amour pour l'héroïne se manifeste à travers des comportements qui, dans la réalité, seraient considérés comme toxiques et abusifs.

Si vous êtes intrigués ou intéressés, il faut savoir que les piliers fondateurs de la dark romance moderne sont :

La domination et le contrôle total: Il ne s’agit pas de simple possessivité. Le personnage masculin exerce un contrôle souvent absolu sur la vie de l'héroïne : où elle va, ce qu’elle fait, ce qu’elle porte, qui elle voit. C’est une emprise psychologique et physique présentée comme une forme d'obsession amoureuse.

La manipulation émotionnelle: Le "jeu de séduction" est remplacé par un jeu de pouvoir où la manipulation est reine. Mensonges, chantage affectif, gaslighting(faire douter l'autre de sa perception de la réalité)... ce sont des outils courants pour isoler l'héroïne et la lier à son bourreau.

couverture illustration dark romance par Winnie Beyeme Ndjock

L’obsession maladive: Oubliez l'amour tendre ou doux ; il est décrit comme une force destructrice, une addiction. Le héros n' "aime" pas ; il "possède", il "revendique", il "consume". Cette obsession justifie toutes les transgressions.

La violence explicite (sous toutes ses formes) : C’est probablement le point le plus distinctif de la dark romance moderne. La violence n’est plus suggérée ou hors champ. Elle est physique, sexuelle, psychologique, et décrite de manière frontale et souvent graphique. La frontière avec le consentement est constamment brouillée, repoussée, voire franchie, créant un profond inconfort qui fait partie de l'expérience de lecture recherchée.

La transgression des lois et de la morale: Le héros est fréquemment un hors-la-loi au sens propre : mafioso, tueur à gages, trafiquant. L'histoire ne cherche pas à le moraliser, mais à normaliser son univers criminel. L'héroïne est souvent amenée à accepter, puis à participer à ce monde, transgressant elle-même ses propres codes moraux par amour ou par survie.

Hier et aujourd’hui : L’évolution radicale d’un genre

Il y a 20 ans, ce qu'on appelait "dark" ou "romance interdite" était en réalité beaucoup plus soft et ancré dans des transgressions sociales plus que morales.

La "Dark Romance" d'Antan (années 90 - début 2000)

Dans les romans, les chansons, les films et les séries c'est la base, ce que nous ados de cette époque, considérons comme interdit.

  • L'ado rebelle et la fille sage : Le mauvais garçon du lycée avec la bombe du cours de maths.
  • Le "petit" écart d'âge : Une lycéenne de 17 ans et un étudiant de 20 ans.
  • Cet homme mystérieux et dangereux: La femme qui tombe amoureuse d'un homme qu'elle soupçonne d'être un escroc ou un assassin, créant un suspense léger.
  • L'adultère et le tabou social: Une veuve ou une femme mariée (souvent mère) ayant une relation avec un ami de la famille, un employé de son mari, ou un homme de passage. Le drame était dans le jugement des autres.
  • L'être magique et fascinant : Tomber amoureux d'un vampire, d'un loup-garou ou d'un ange déchu. Le danger était surnaturel et métaphorique.
  • Le conflit né de la sociétéou les "Roméo & Juliette".

Ca reste donc des sujets qu'on peut voir en famille, ou la famille sait que vous allez regarder ou lire ça et se dit juste que c'est de votre âge.

La Dark Romance Moderne (Années 2020)

Le genre a poussé tous les curseurs à l'extrême. Il a investi des genres comme la fantasy, le paranormal, la mafia, et les polars. La frontière n'est plus sociale, mais éthique et légale. On ne transgresse plus les convenances, on transgresse l'humanité même.

Le paradoxe du lecteur : Pourquoi des femmes recherchent-elles ces histoires ?

C’est la question qui fascine et qui, souvent, amène des jugements hâtifs. Il est crucial de comprendre que la lecture est un espace sûr pour explorer l'ombre.

Pour commencer, il est bon de préciser que les lectrices ne recherchent pas ces relations dans la vraie vie. Mais il se trouve que certaines lectrices sont mineures, ou des personnes souffrant de certains troubles liés au manque d'affection.

Les lectrices, de manière générale, attendent le point de bascule, la partie de la rédemption (The Redeeming Arc). C'est lorsque l'homme le plus terrible, le plus froid, est "apprivoisé" par l'amour d'une seule femme. Ce trope, plus que problématique, offre une fantasy de pouvoir immense : celle d'être l'exception absolue.

C'est le point réellement négatif à considérer pour la dark romance. Elle apprend à certaines à accepter la souffrance et à considérer la douleur et la déshumanisation.

Bien sûr, on doit citer certaines autrices qui mettent en avant la catharsis derrière leur œuvre. Lire sur des traumatismes et des dynamiques extrêmes peut être une manière de traiter ses propres angoisses ou expériences. Quand l'auteure est assez douée (il s'agit souvent de femmes ou d'hommes se servant de pseudos féminins), elle peut construire des personnages complexes.

Mais la plupart vont peut-être simplement brosser le portait de base du protagoniste masculin. Celui qui lutte entre la monstruosité et l'amour, avec un passé traumatique qui "explique" (sans excuser) ses actes. C'est un mauvais point de départ.

La dark romance devrait être plus codifiée et restreinte mais certains écrits sont encore plus dérangeants. Ils ne sont pourtant pas décriés comme une atteinte à l'intégrité parce qu'ils racontent une histoire malsaine.

Un genre qui se fait l'échos de notre part d'ombre ?

La dark romance n'est pas un simple phénomène de mode. C'est le reflet d'une évolution de la narration qui ose explorer les facettes les plus sombres du désir et du pouvoir dans les relations humaines. Elle pousse les limites de la fiction pour interroger, provoquer et offrir un exutoire à des fantasmes qui ne peuvent et ne doivent exister que sur le papier.

En tant que créateurs d'univers, comprendre ces codes, c'est comprendre la puissance des émotions brutes et la frontière ténue qui sépare le désir de la destruction. Que l'on apprécie ou non le genre, sa popularité nous en dit long sur la soif de récits complexes, ambivalents et résolument transgressifs.

Et vous, que pensez-vous de ce genre ? L'avez-vous déjà exploré dans vos écrits ?

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